lundi 25 octobre 2010

Wendy Delorme

 

Picture: Emilie Jouvet

This new article is dedicated to Wendy Delorme. One of my all-time favorite women. She is outrageously sexy and clever and she write great books that I highly recommend you to read. Here is a long interview I have done with her on Facebook. I am really happy that she agreed to answer these questions and I thank her very much. The interview is in French, and I am a bit busy at the moment to translate it... if someone is interested!

1. J’ai toujours été passionné par l’adolescence et toutes les émotions que cette période traîne avec elle (que ce soit dans la musique, les séries, les films). Quel genre d’adolescente étais-tu ? Est-ce que tu as en tête un film ou un album par exemple qui serait pour toi symbolique de cette période?

Passionnée. Pas réaliste pour un sou. Plongée dans les bouquins. Romanesque. Rêvant de rencontrer Victor Hugo ou un équivalent contemporain. Posant pour des peintres et des sculpteurs après les cours. Ça pourra te sembler curieux mais l'album qui me reste de cette période (c'était la période...) c'est l'Unplugged de Nirvana. Mes amis qui faisaient du heavy metal se moquaient de moi parce que je l'écoutais en boucle dans mon walkman (oui on avait encore des walkman avec des cassettes...). Je pense que plein d'ados de l'époque se sont retrouvés dans cet album. Le côté désespéré de l'adolescence, le chanteur suicidé, etc. Le grunge était à son point culminant dans la période où j'étais ado. Maintenant ça me fait sourire. Mais à l'époque j'écoutais ça en boucle, je lisais les Quatre mousquetaires d'Alexandre Dumas, Chéri de Colette, et tout ça faisait plutôt bon ménage dans ma tête. Ah et Les Fleurs du mal évidemment. Que mon meilleur ami et moi nous lisions mutuellement à voix haute assis sur les marches de la vieille église dans la vieille ville après les cours. C'est lui qui faisait du heavy metal et se moquait de moi à cause de Nirvana. Voilà. Une adolescence … banale je dirais.

2. A la lecture de tes livres, on voit que tu as beaucoup de références culturelles. Venant de la génération internet, j’ai passé des années de ma vie à mettre en favoris des centaines de pages et à fouiner partout. J’adore avoir des références sur plein de choses. De ton côté, tu te sers beaucoup d’internet ou tu aimes bien passer par des supports plus «oldschool » comme les zines par exemple ? D’ailleurs, es-tu une adepte des zines, et si oui, en as-tu déjà eu un ?
Je n'ai pas fait de zine. J'ai distribué des polycopiés de textes après des lectures dans des bars. Qui ont été publiés plus tard, en version longue. Maintenant j'y pense, à faire un zine... en fait je prends surtout plaisir à les trouver, dans les cafés, dans les soirées. J'en ai une petite collection. Il y a parfois des perles qu'on ne retrouve nulle part, même pas sur des blogs.

3. a) Les thèmes que tu abordes et les livres que tu cites sont souvent bien plus développés aux USA qu’en France. Quel est ton avis sur la scène féministe pro sexe/queer/etc en France ? Penses-tu qu’il sera un jour possible d’avoir une scène vraiment active dans l’hexagone ?

a) Il y a une scène culturelle active, pas tout à fait la même qu'aux Etats-Unis, on n'a par exemple pas la même scène littéraire, à San Francisco il y a des lectures publiques dans des cafés, organisées notamment par l'écrivaine Michelle Tea, qui fait tourner le groupe d'auteur-e-s Sister Spit des plus grandes librairies aux salles les plus underground. Elle est venue à Paris l'an dernier faire une lecture à Shakespeare & cie. C'était un joli moment. La scène queer se partage entre militantisme, manif et soirées, plus ou moins politisées, comme aux Etats-Unis ça pense, ça s'agite, ça frictionne aussi pas mal. Mais ça bouge.

b) Toi qui as fait de la traduction pour
Lydia Lunch par exemple, tu te sentirais pas de traduire des livres que tu cites pour nous les faire découvrir? Genre Valencia (Live Girls) de Michelle Tea? C'est quelque chose qui te plairait?
Judy Minx (actrice) avec qui j'ai travaillé a commencé de sa propre initiative une traduction de Valencia, le premier roman de Michelle Tea. Je rêve de le voir publié en France, de même que d'autres romans, de la même vague. J'ai sollicité quelques éditeurs français. Les traductions ce n'est pas évident à faire publier vu le contexte économique actuel de l'édition en France mais j'ai bon espoir. C'est une voix qui mérite d'être entendue et lue en France.

4. Quels sont tes guilty pleasures musicaux, cinématographiques… ?

Je ne suis pas très musique figure-toi. J'aime le silence quand je suis à la maison je n'allume jamais la radio ou la télé je n'écoute pas de musique pour écrire. Je lis plus que je vais au cinéma. Mon plaisir préféré est la lecture. D'ailleurs le plus beau livre que j'ai lu récemment est "L'homme qui tomba amoureux de la lune". Je crois que ce roman parle... de tout. De filiation, de meurtres, de vie, d'amour, de haine, de la conquête des Etats-Unis et du massacre des indiens, de la nature, de l'alcool, des bisons et des Mormons, du racisme, des bien-pensants, de la pourriture puritaine, d'inceste et de rédemption, de prostitution, d'homosexualité, de la beauté du monde. Je ne m'en suis pas encore vraiment remise (ndlr: il me le faut!)

5. La troupe avec laquelle tu te produis est vraiment cool avec des personnalités bien différentes mais qui créent une bonne cohérence artistique. Cette ambiance un peu « gang » te correspond elle ? Qu’est-ce qui te plaît dans le fait de faire partie d’une troupe ?

C'était une troupe éphémère, créée pour faire un film, réalisé par Emilie Jouvet, un docu road movie qui s'appelle "Too much pussy", et qui fait maintenant le tour des festivals. On voulait vraiment illustrer ça, justement. Le Gang de Filles. Le voyage, l'aventure, la route, la création. Sinon j'ai fait partie d'une troupe de burlesque parisienne pendant 3 ans, et d'une formation drag-burlesque de trois personnes avec Louise de Ville et Mister Mister; On a aussi beaucoup voyagé, de Chicago à Rome, en passant par Athènes, Londres, Lyon, Bordeaux, Berlin... les capitales et les plus petites villes. Ça fait un an que je me consacre surtout à l'écriture et que je ne suis pas montée sur scène. La scène ne me manque pas vraiment, mais ce qui me manque c'est le gang de filles, c'est le voyage, c'est les nuits blanches après les spectacles, et même l'épuisement de la tournée, maintenant que j'ai eu le temps de me reposer! Mon rêve maintenant ce serait une tournée d'auteur-e-s. Mais pour cela il faut un minimum de budget au départ. Pour organiser la tournée d'artistes en 2009 qui a donné lieu au film "Too Much Pussy", on a levé tous les fonds nous-mêmes en organisant des soirées, une par mois, pendant un an, on a donc commencé la tournée en étant déjà sur les genoux. J'aimerais vraiment monter une tournée d'auteur-e-s, mais pour cela il faut trouver des subventions. Je ne veux pas re-tenter l'autoproduction de cette façon, j'avais l'énergie de l'inconscience je crois et surtout une super partenaire, Emilie, qui travaille dur et a fait un vrai bon film avec ce projet. Alors à voir... il faudrait une vraie équipe dédiée au projet. Pas seulement deux filles motivées et têtes brûlées! Pour plus d'infos allez voir la présentation du film sur le sujet d'Emilie Jouvet, et blog wordpress qui raconte les épisodes de la tournée, racontés par les performeuses (textes en français et anglais).



6. Je crois savoir que tu as donné (donne?) des cours de communication/marketing. J’aimerais savoir comment tu arrives à gérer tes aspirations plutôt libertaires et
ce domaine qui est assez stéréotypé et vicié? De plus, je serais curieux de connaître un peu plus ton rapport avec le système éducatif du coup.
Le marketing et le publicité sont un de mes objets de recherche universitaire. Mes cours portent notamment sur les stéréotypes sociaux et leurs usages dans les discours et les images publicitaires. Je trouve le monde de l'entreprise en général assez dysfonctionnel d'un point de vue humain et souvent violent d'un point de vue symbolique (et ce n'est pas propre qu'à l'univers de la publicité). Étudier la publicité et le monde de l'entreprise comme objet de recherche est en revanche passionnant. J'ai donc choisi de faire de la recherche universitaire et de l'enseignement. J'aime apprendre et enseigner. C'est un atavisme familial je crois car ma grand-mère était enseignante. On est en plein dans la reproduction des habitus sociaux ;)

7. Quel rapport entretiens-tu avec les hommes gays en général ? (Personnellement je dois dire que je me sens beaucoup plus proche des thématiques développées la plupart du temps par des femmes lesbiennes/féministes que par des hommes gays)

Un grand classique: mon meilleur ami actuel est gay. Je ne sais pas si c'est très important. Ça l'est je crois car il est la première personne que j'ai rencontrée durant mes études qui était «out» de façon assumée, et heureux en plein jour tel qu'il était, sans se cacher, sans compromis. Il m'a inspiré je crois pas mal de forces. Sinon je ne sais pas quoi te dire à part qu'il y a beaucoup de façons différentes d'être gay... depuis les militants de la première heure jusqu'aux gym queens du Marais... difficile d'opérer des généralités...

8. Si tu devais t’adresser à un novice pour lui faire connaître ton univers. Quelles seraient les œuvres que tu lui conseillerais (livres, films…) ?

En vrac: King Kong théorie. Valencia. Godspeed. Claudine à l'école. Cry Baby. Almodovar. Annie Sprinkle. Carol queen. Le rire de la méduse. Et aussi Audre Lorde qui n'est pas très lue en France mais a une voix puissante et merveilleuse.

9. Est-ce que tu as des obsessions récentes ou des découvertes que tu voudrais faire partager ?
MLF, textes premiers. Un ouvrage sorti récemment, à lire absolument. Les textes premiers du mouvement de libération des femmes. L'humour, la force, la joie à l'état pur.

10. Je vais te donner une liste de mots et l’idée c’est que tu y répondes simplement avec un mot :

- Vintage : fashion.
- Nail art : pas pratique.
- Pamela Anderson : pas de vie privée.
- Russie : pas encore mis les pieds.
- Le dernier Despentes ? Mutantes? Apocalypse bébé? A voir. A lire.
- Catwalk : podium.
- Anaïs Nin : délicatesse. Décadence. Concision dans l'exhaustivité.
- John Waters : oui, évidemment.
- 21ème siècle : c'est arrivé quand j'avais 20 ans. On s'y habitue peu à peu.


Picture: Lynn SK

Love, ♥♥♥♥

 
 
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